Au Mexique, les populations noires ont pendant très longtemps représenté une minorité silencieuse. Elles n’avaient pas leur mot à dire. Alors, elles se sont mises à danser. Une danse tribale, avec des masques d’inspiration africaine, qui se revendique sous le nom de la danza de los diablos. Elle se déroule lors de la fête des morts le 1er et 2 novembre sur la Costa chica du Guerrero. L’épicentre se situe à Cuajinicuilapa appelée aussi la Perla Negra del Pacifico.
Aller à la rencontre de ces danseurs diaboliques, c’est participer à une fête traditionnelle qui ne se veut pas seulement le reflet des forces évocatrices du passé, mais aussi le symbole d’un Mexique moderne en train de se ré-inventer. C’est affirmer une afro-mexicanité qui n’a plus peur de son ombre. C’est peut-être là, à Cuaji, que les esclaves ont commencé à se libérer de leurs chaînes. En dansant. Tout simplement.
Afro-mexicanité
México negro. ¡Que vienen los diablos!
México negro. Sous le soleil de Cuaji 2/3
Direction Cuajinicuilapa, dit Cuaji, pour donner un peu de chair et de souffle à cette histoire tragique. Aller à la rencontre des afro-mexicains qui vivent-là. Débusquer les diables qui dansent la mort en ces jours de fête.
México negro. De l’esclavage à l’afro-mexicanité 1/3
Pendant très longtemps, la question des populations noires au Mexique a été occultée, confinée dans les marges de l’Histoire. Par contre, des pages entières ont été consacrées aux mauvais traitements infligés aux indigènes par les conquistadors. Puis, les Mexicains sont devenus, dans son immense majorité, un peuple de métis, avec bien sûr une hiérarchie en fonction de la clarté de la peau. Les indigènes, par la voix des zapatistes ont réussi à conquérir une certaine reconnaissance sociale alors que les populations noires n’en sont encore qu’aux prémisses.
Par la force de vents porteurs, les opprimés d’hier sont devenus les afro-mexicains d’aujourd’hui. Mais pour bien comprendre ce concept d’afro-mexicanité, il nous faut remonter à la source de l’histoire, écouter les légendes du passé et appréhender le présent dans toute sa complexité. Et surtout rappeler que cette population déracinée, opprimée, a largement contribué par sa force de travail à la formation économique, social et culturel du pays. Une composante culturelle, certes minoritaire, (1) du Mexique du XXI ème siècle mais qui ne veut plus se taire.