8 mars 2020. Journée internationale des droits des Femmes

        8 mars 2020, les jacarandas sont en fleurs. Le mauve de ses feuilles répond à la multitude violette des féministes de Ciudad Mexico. En route vers le monument de la Révolution. Partout où le regard se pose. Il y a des femmes. Seules. En groupe. Comme si la ville leur appartenait. Les hommes semblent avoir déserté. Elles se tiennent par le bras. Rigolent à tue-tête. D’autres, les yeux au sol,  portent leur douleur. Le poids du monde sur leurs épaules. Une fille assassinée. Une sœur disparue. Une amie outragée. Il n’y pas seulement les présentes dans le cortège, il y aussi et surtout, les absentes. Celles qui auraient du être là. Fauchées par la violence des hommes. Transportées par l’amour de leurs sœurs. En ce jour ensoleillé, les Mexicaines ont décidé de jeter leur rage à la face du patriarcat. Et ce ne sera sûrement pas la dernière fois…

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Samir Flores vive! VIVE !!

             Au Mexique, les peuples originaires n’acceptent plus de vivre comme des chiens. Déterminés à résister, à lutter contre tous ces méga-projets de mort que leur concocte le mauvais gouvernement. S’exposer non pas pour soi mais pour sa communauté, pour une vie décente avec la volonté absolue de préserver la terre qui les a vu naître. Une Terre Mère qu’ils sont prêt à défendre à tout prix. Samir Flores Soberanes en est un exemple des plus frappant. Le 20 février 2019, il est assassiné de plusieurs balles. Depuis, un an, son visage émacié, sa fine moustache s’affichent dans tous les lieux de résistance. Pour rappeler que la lutte continue. Malgré les hommes qui tombent…

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Francisco TOLEDO, le Oaxaqueño.

             Un triste jour de mai 2015. Une manif pour demander le retour des 43 étudiants disparus d’Ayotiznapa. La foule est compacte. Partagée entre colère et apathie. Soudain, une clameur. La foule s’écarte. Je m’attends à voir Moïse débarquer. Non, c’est juste un homme aux cheveux longs, à la barbe hirsute, portant un simple pantalon de toile et des sandales en cuir. Il incline la tête. Serre des mains. J’hésite entre un homme politique mais sincèrement, il n’a pas la dégaine. Plus une star de rock sur le retour. Je demande à la femme, à côté de moi. Elle me regarde ahurie comme si je lui avais demandé la route pour Mars. Puis hausse les épaules et tourne les talons dans un geste d’ostensible mépris. Hé-Oh! J’ai quand même le droit de ne pas connaître les grandes personnalités mexicaines !!
J’observe la foule et je m’approche d’un jeune au regard énamouré face à son idole. Doucement, pour ne pas le brusquer, je lui demande qui est en face de lui. Il me répond, d’une voix quasi mystique. El Maestro ! Il le répète à l’infini comme un mantra. El Maestro ! Un cri dans la foule, l’homme se retourne. Je croise son regard. Perçant. Presque magnétique. Je ne peux pas nier qu’il dégage une force incroyable. Un regard à la Picasso. Bon finalement, je n’étais pas si loin que ça…
Le lendemain, j’apprendrais par le journal la présence del Maestro Francisco TOLEDO à la manifestation de la veille. Un des plus grands peintres mexicains vivants. Mais cela n’est pas le plus important, j’apprendrais aussi qu’il est un infatigable défenseur des causes indigènes, un inlassable pourfendeur de la justice sociale et des droits humains pour tous. Oaxaca sera sa ville, celle où il laissera son empreinte, où sa générosité sera la plus prodigue. Beaucoup nous diront que sa grandeur n’est pas le fruit de sa célébrité ni même de sa richesse mais plus de son humanité.
Puis, nous sommes rentrés en France en se disant que la prochaine fois, on essaierait de le rencontrer et de faire un portrait de lui. Il avait la réputation d’être accessible alors pourquoi pas ! On avait juste oublier un détail. La mort, elle aussi voulait une interview exclusive. Elle nous l’a ravit le 5 septembre 2019.

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Lukas Avendaño. Bailando Bruno ( En español)

             Hay espectáculos que actúan como una bomba de tiempo. El de Lukas Avendaño es uno de ellos (1). Mucho tiempo después de verlo en el festival de danza en Chiapas, las reminiscencias golpean mi memoria, los recuerdos exacerban mi deseo de conocerlo, lo antes posible. A veces basta con quererlo y atreverse a pedir que ocurra lo improbable. En una hermosa mañana soleada, en el patio del Instituto de Artes Gráficas de Oaxaca, Lukas cuenta su historia, se entrega, cuerpo a cuerpo. Totalmente dedicado al encuentro.

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Lucha libre en Gueletao.

             El Santo contre Blue Demon. Des noms qui n’évoquent rien pour le commun des mortels. Mais, ici, au Mexique, ce sont de véritables stars, élevées au rang de Dieu. Leur cénacle, l’arène de la lucha libre. Il s’agit à la fois d’un sport, d’un spectacle, le tout baigné dans une ambiance de cirque. Un condensé de l’âme mexicaine où se rejoue, le bien, le mal, la vie, la mort, l’humour et les humeurs d’un pays qui sait aussi se moquer de lui-même.
Aujourd’hui à Gueletao de Juárez, c’est jour de fête. Sur la place du village, un ring vient d’être installé. Un spectacle totalement gratuit. Pour démontrer que la lucha libre est, et restera, un sport populaire qui coule dans les veines de milliers de Mexicains, comme autant de litres de mezcal ou de tequila.

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Lukas Avendaño. Bailando Bruno

             Il y a des spectacles qui agissent comme une bombe à retardement. Celui de Lukas Avendaño en fait partie (1). Bien après l’avoir vu au festival de danse au Chiapas, des flashs percutent ma mémoire, des réminiscences exacerbent mon désir de le rencontrer au plus vite. Parfois, il suffit de le vouloir et d’oser demander pour que l’improbable se produise. En une belle matinée ensoleillée, dans le doux patio de l’Institut des Arts Graphiques de Oaxaca, Lukas se raconte, se livre, corps à corps. Entièrement dédié à la rencontre. Lire la suite

CODEDI, la finca Alemania, la defensa del territorio (En español)

Traducción: Ik Tzikel

             En México, la autonomía se encuentra en todos los rincones del país. Sin embargo, en Santa Cruz Huatulco, esto no es obvio al principio. Carreteras rectas. Postes de luz bien alineados. Senderos de pasto bien limpiecito. Hoteles de lujo. Piscinas escandalosas. Las playas ahogadas bajo los parasoles Coca-Cola, cubiertos por la benevolente mirada de una bandera estadounidense. Bienvenidxs a una de las zonas hoteleras más grandes del sur del país, creada desde cero en los años 80, para competir con Acapulco.
A pocos kilómetros, en Santa María Huatulco, hombres y mujeres han construido otro mundo, lejos de estos paraísos artificiales. Con obstinación, a pesar de los golpes y la feroz represión del gobierno de Oaxaca, crearon el Comité para la Defensa de los Derechos Indígenas (CODEDI). Su centro de capacitación, ubicado en tierras recuperadas de Finca Alemania, será su laboratorio de vida y solidaridad. Aquí, hay una comunidad vibrante. Para crear una alternativa a este mundo capitalista al que se niegan poniendo el cuerpo y gritando.

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Le CODEDI, la finca Alemania, la défense du territoire.

             Au Mexique, l’autonomie se décline dans tous les coins du pays. Pourtant, à Santa Cruz Huatulco, cela n’est pas évident au premier abord. Des routes toutes droites. Des réverbères bien alignés. Des allées au gazon bien propret. Des hôtels de luxe. Des piscines outrageuses. Des plages noyées sous les parasols Coca-cola, couvées par le regard bienveillant d’un drapeau américain. Bienvenue dans l’une des plus grandes zones hôtelières du sud du pays, crée de toutes pièces dans les années 80, pour concurrencer Acapulco.
À seulement quelques kilomètres de là, à Santa María Huatulco, des hommes et des femmes ont construit un autre monde, loin de ces paradis artificiels. Avec obstination, malgré les coups bas et la répression féroce du gouvernement de Oaxaca, ils ont créé le Comité pour la Défense des Droits Indigènes (CODEDI). Leur centre de formation, implanté, sur les terres récupérées de la Finca Alemania sera leur laboratoire de vie et de solidarité. Ici, se vit une communauté en pleine effervescence. Pour créer une alternative à ce monde capitaliste qu’ils refusent à corps et à cris.

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Carte postale de Yaxchilan

             Partir pour Yaxchilan, cité maya au bord du fleuve Usumacinta. Entre deux rives. Entre deux pays. D’un côté, le Mexique. De l’autre, le Guatemala. Face à ces deux berges jumelles, ressentir l’aberration des frontières bureaucratiques. Pour débusquer Yaxchilan, il faut s’aventurer en plein cœur de la selva. Le fleuve comme trait d’union. Descendre le fleuve en lancha, c’est devenir Indiana Jones à la recherche de la cité perdue. À la seule différence, par rapport à lui, c’est que nous, on sait où on va ! Enfin, c’est ce que l’on veut bien nous laisser croire…

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Raconte-toi le monde. Forum pour la défense du territoire et de la terre-mère en terre zapatiste

             Au Chiapas, les semaines se suivent et ne se ressemblent pas. Après avoir fait un pas de côté par la danse et le cinéma, les zapatistes reviennent sur le terrain politique de la dénonciation du capitalisme et du patriarcat. Un an après l’installation d’un président supposément de gauche, quelles sont les forces en présence, quelles sont les poches de résistance dans le pays ? Pour répondre à ces questions et dénoncer tous ces méga-projets mortifères dont se prévaut le nouveau gouvernement, le Congrès National Indigène (CNI), le Conseil Indigène de Gouvernement (CIG) et l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) ont convoqué un « Forum pour la défense du territoire et de la terre-mère ».

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