Décembre 2014, nous tombons nez à nez sur la Communauté Indigène et Populaire Empereur Cuauhtémoc (1). Une rencontre placée sous le signe d’Ayotzinapa. Une amitié due au hasard du voyage. Je suis convaincue, depuis bien longtemps déjà, qu’ « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » comme le dit si joliment Paul Valéry. Mille fois, le Mexique nous a offert des purs moments de grâce et bien évidemment, la rencontre avec la CIPEC en fait partie. Alors dès qu’on a su qu’ils allaient fêter leur quatorzième anniversaire, on a décidé d’y participer. Qui peut refuser une fête placée sous le signe de l’amitié… et du mezcal. Sûrement pas nous !!!
Mexique
Noche de fandango
12 Octobre. Jour de résistance des peuples originaires contre les méga-projets
12 Octobre 1492, Christophe Colomb découvre les Amériques
En Espagne, c’est un jour de fête Nationale, celui del Dia de la Raza o de la Hispanidad
Un jour de « fierté » de la part des oppresseurs
Au Mexique, c’est un jour maudit
Une date qui rappelle les atrocités commises par les conquistadors
Une jour pour montrer la détermination des peuples originaires à dire
NON LE MEXIQUE N’EST PAS A VENDRE
NON AUX NOUVEAUX COLONIALISTES DU XXIème SIECLE
Calle Lopez, Cd Mx.
2 Octobre 1968. Le massacre de Tlatelolco
Au Mexique, l’Histoire se répète, balbutie, trébuche parfois. Qui auraient su dire aux 43 étudiants d’Ayotzinapa qui voulaient commémorer le massacre du 2 octobre 1968 qu’ils allaient eux aussi connaître le même sort. Qui aurait pu prédire que ces étudiants de 2014 allaient entrer dans l’histoire sanglante du pays, au même titre que ceux de 1968.
Tout cela n’est pas le fruit de hasard, ce n’est ni affaire de coïncidence, ni de mauvais alignements des étoiles. Il s’agit d’un pays où les gouvernements systématiquement suppriment toutes velléités de résistance, où les disparitions forcées, la répression brutale n’est jamais condamnée. Un pays qui efface sa mémoire, trafique son histoire, assassine ses enfants est un pays en proie à toutes les dérives. L’impunité se veut l’antichambre de l’horreur où les puissants s’échangent les « bons » procédés et donnent le blanc-seing à ceux qui poursuivent son œuvre.
Mais le peuple lui aussi sait se servir de l’Histoire. Pour se souvenir, ne pas oublier, réclamer Justice. C’est pour cela que ce 2 octobre, au même titre que le 26 septembre, ils reprennent la rue pour crier, exiger que cette violence d’État cesse. Ce 2 Octobre 2019, le peuple se remet en marche. Au Mexique, l’Histoire convulsionne. Il n’y a plus aucun doute.
A 5 años nos siguen faltando 43!
Ayotzinapa. Cinq ans de trop!
26 septembre 2019. Cinq ans déjà. Cinq ans que les 43 étudiants d’Ayotzinapa manquent à l’appel (1). Une date qui revient chaque année un peu plus cruellement. Une date qui ronge inexorablement l’espoir, qui rend l’absence chaque jour un peu plus insupportable. Et le silence un peu plus mordant. Quasi insupportable au milieu de toutes ces questions sans réponses. Pourtant la détermination des parents reste intacte. Et chaque 26 du mois, ils répondent présents pour affirmer leur quête de vérité.
México, por el cielo.
Valio la pena
Finir ce blog en musique
Matière première de ce voyage
Chansons qui m’ont traversée
Qui m’ont fait danser, rire, pleurer parfois.
Qui m’ont donné l’impression d’être un peu plus vivante à chaque pas
Et dans un grand éclat de rire, se dire
Valio la pena!
Ciudad de México. Ultima estación
El Monstro. La Ciudad de México mérite bien son nom. 22 millions d’habitants. Et combien d’âmes perdues ? Impossible à savoir. Tout va trop vite, trop fort. Les mouvements vont dans tous les sens. Sans but. Les points cardinaux semblent avoir perdu le Nord. Le sud n’existe plus. Ou seulement dans le creux de l’épaule d’un rêveur.
Une ville qui fourmille de mille vibrations. Mille surprises. Bonnes ou mauvaises selon le moment et le lieu. Ou selon sa chance aussi. Pour autant, une ville qui ne laisse pas indifférente pour celle et ceux qui partent à la recherche de sa beauté cachée. Parce que les cris sur les murs, les visages fatigués, les sourires discrets et toutes ces petites touches poétiques donnent une autre couleur, une certaine douceur au monstre qui sommeille au cœur de cette ville infernale.