Le peuple Nasa entretien un lien particulier avec la terre, une cosmovision (1) qui lui est propre. Pour les Nasa, la terre est la Mère, celle qui leur offre une subsistance alimentaire, un refuge, la base de leur harmonie et de leur équilibre. Pour l’indigène Nasa, la terre n’est pas un simple composant du système productif, elle représente l’essence même de la vie et une source de sécurité. Leur spiritualité tire leur force de la loi des Origines (2) qui concerne tous les indigènes du continent sud-américain. Tout comme la libération de la terre, la célébration de rituel et les offrandes sont une façon d’honorer la Terre Mère. Les rituels sont le noyau de la culture Nasa, la clé de la vie de la communauté et force de spiritualité, c’est aussi le moyen de transcender le banal, de se connecter avec l’esprit des choses et de la Nature.
Les 20 et 21 juin, à Jambaló, se déroule le rituel du Sek Buy. Nous savons juste que c’est la fête du solstice d’été. Sek Buy , nom étrange et plein de promesses à la fois. Le mystère reste entier. Tout reste à découvrir ! Lire la suite
Auteur : Traba
Peuple Nasa. La libération de la Terre Mère. Partie II
« Le mouvement indigène du Cauca, après avoir analysé, débattu, et compris que le gouvernement ne respecterait jamais les accords passés, se déclare de nouveau en soulèvement en vue de la libération de la Terre Mère, l’un des sujets les plus sensibles et prioritaires pour le mouvement indigène ». Suite à cette déclaration, le 14 décembre 2014, le peuple Nasa décide de relancer le processus de libération de la Terre Mère.
Colombie, enfin une loi sur les féminicides!
En ce mois de juin 2015, alors que l’Argentine manifeste massivement contre trois meurtres de femmes successifs (1), le Parlement de Colombie vient d’approuver la loi Rosa Elvira Cely qui condamne jusqu’à cinquante ans de prison tout meutres commis pour des raisons de genre. Cette qualification entraîne des circonstances aggravantes, Une loi nécessaire mais qui n’empêcheront pas les femmes de ce continent ensanglanté de continuer à crier :« Ni una mas !» (2).
Mompox ou la place qui n’existait pas.
Il y a des films qui vous lancent à la recherche de villages du bout du monde. « Chronique d’une mort annoncée » en fait partie. Une scène mythique, un homme insouciant qui court à la mort, une place de terre battue, une église, quelques maisons blanches, deux frères à la vengeance implacable.
Ce village existe. Il a pour nom, Santa Cruz de Mompox ou Mompox pour les intimes. C’est ce village-là que je rechercherai dans tous mes voyages. Souvent, j’ai cru le trouver. Comme a Cachi, en Argentine ou sur une petite île grecque. Jusque-là, j’avais juste réussi à frôler le rêve le temps d’une escale. Mais quelques années plus tard, en partant sur les traces de Gabo, j’allais découvrir les deux villages de ma mythologie personnelle. Finalement, ni Macondo n’existe, ni le village du film de Francisco Rossi. Tout n’est qu’effets de littérature ou de cinéma. Mais lorsque le rêve devient réalité, les mots deviennent superflus. Il ne reste plus qu’à s’asseoir sur un banc et vivre ce fugace bonheur avant qu’il ne se sauve…
Macondo ou la ville qui n’existait pas.
Il y a des livres qui vous accompagnent toute une vie. Des livres qui vous donnent le goût du voyage. « Cent ans de solitude » de Gabriel García Márquez est un de ceux-là. Et aussitôt, ce livre refermé, une obsession vous prend à bras-le-corps et ne vous lâche plus : partir à la recherche de Macondo. Vous savez bien que Macondo n’existe pas mais la ville qui l’a inspiré, oui : c’est Aracataca, en Colombie. Une petite ville qui aurait pu rester tranquillement dans l’anonymat mais qui est, aujourd’hui, connue par des millions de personnes. Un prestige tel que le maire a voulu rebaptiser Aracataca, « Macondo » , mais heureusement, les habitants s’y opposèrent farouchement. D’après l’auteur lui-même : « Macondo n’est pas un lieu mais plutôt un état d’esprit qui permet à chacun de le voir où il veut, et comme il veut ». Parce que Macondo n’est nulle part. Parce que Macondo est partout.
Rigoberta Menchú. Sans honte et sans mémoire.
Souvent le pouvoir tourne la tête, le vertige des sommets facilite les faux pas. Rigoberta Menchú, prix Nobel de la paix en 1992, vient d’accomplir l’impensable. Sans remord et sans honte.
Au Mexique, les parents des quarante-trois disparus d’Ayotzinapa multiplient les actions pour ne pas qu’on les oublie. Dans le Guerrero, ils sont prêt à tout pour empêcher les prochaines élections du 7 juin afin d’éviter que ce système, corrompu jusqu’à la moelle, ne se reproduiseà l’identique. Jamais, ces parents éplorés n’auraient pu imaginer qu’une indigène, victime des horreurs de la guerre puisse se retourner contre eux. Contre ses semblables. Impardonnable.
Pour une somme de dix millions de dollars, Rigoberta Menchú a acceptée d’être observatrice électorale. Pour cela, le 26 mai 2015, elle a participé à une conférence de presse de l’Institut National pour les Elections (INE). Une vidéo circule où on la voit, entourée de petits fonctionnaires, en train de promouvoir cette farce électorale. Lorenzo Córdova, un des conseiller de l’INE, a présenté le prix Nobel de la Paix, comme « une femme reconnue au niveau international par sa lutte incessante pour la défense des droits des peuples indigènes, ainsi que par ses convictions sur la paix ». Mais de qui se moque-t-on ?
Rigoberta Menchú vend sa dignité, son âme au diable, à cet état mexicain aux mains pleines de sang, tout autant que celui du Guatemala qu’elle combattait hier encore, avec forces et convictions. Mais sûrement que Rigoberta à la mémoire courte…
Mais son cynisme va encore plus loin, lors d’une « Conférence Magistrale pour la Démocratie et la Culture de paix », réalisée à Acapulco, elle osera demander une minute de silence pour tous les disparus. Une jeune femme de l’assistance interrompit ce mielleux discours en déclarant : « Nous ne pouvons pas continuer à demander une minute de silence par tous les disparus parce que demander une minute de silence pour chaque disparue et pour chaque personne assassinée dans notre pays, cela signifie que nous allons devoir nous taire jusqu’à la fin de nos jours ». Les personnes à la tribune n’ont pas répondu. Leur silence étant plus éloquent que n’importe quelle répartie bien cinglante.
Face à cette mascarade, les masques tombent. Plus personne n’est dupe et désormais, Rigoberta Menchu fera partie de la longue liste des politiques qui ont perdus leurs idéaux en route. Leur seule obsession, le pouvoir. Mais dans le Guerrero, ils ont une longue tradition de lutte, ils n’ont plus peur des politiciens véreux. Ils iront jusqu’au bout avec comme seul slogan : « Vivos se los llevaron. Vivos los queremos ! ». Ils n’ont plus rien à perdre. Ils ont déjà tout perdu sauf leur dignité et leur soif de justice. Aussi grande que leur douleur.
Santander de Quilichao, Colombie, 30 Mai 2015.
Pour plus de détails, un article très bien fait de Pueblos en Caminos, en espagnol :
http://www.pueblosencamino.org/index.php/joomla-stuff-mainmenu-26/search-mainmenu-5/1351-rigoberta-menchu-la-sin-vergueenza
Honduras. Alto a los feminicidios!
Honduras, un des pays d’Amérique centrale où le taux de féminicides est le plus élevé. Certains chiffres déclareraient même qu’il aurait ravi le titre au Mexique, c’est dire !
En 2013, le taux d’homicides de femmes est de 14.6 pour 100 000 habitants. Selon les Nations Unies; celui-ci dépasse le taux total d’homicides de 152 pays comme la Palestine (4.1), la Syrie (2.3) ou l’Irak (2.0). De 2005 à 2013, ce taux aurait augmenté de 260% ! Un autre chiffre qui se passe de commentaire : durant l’année 2013, une femme fut assassinée toutes les quatorze heures (1).
Ces statistiques, froides et glaciales, permettent à peine de rendre compte de l’effroyable situation des honduriennes qui vivent en apparence dans un contexte de paix mais qui en réalité sont au cœur d’une guerre qui ne dit pas son nom. Et les principales victimes sont des femmes jeunes (2), pauvres et vivant en ville pour la plupart
Pour l’association « Foro de mujeres por la vida » dont Karen, avocate, fait partie intégrante, il y a tout un processus, une éducation machiste, une culture des armes, le manque de volonté des pouvoirs en place qui pourraient expliquer cette ignoble réalité.
Rigoberta Menchú. Survivante emblématique de la guerre civile au Guatemala.
Au Guatemala, l’histoire est tragique et les militants sociaux, pour la plupart, réprimés et silencieux. Mais une femme, indigène de surcroît, va redonner une voix à ce pays malmené, brisé par plus de trente ans de guerre civile. Cette femme, c’est Rigoberta Menchú. Une femme forte, fière de son pays, de ses racines indigènes. Et qui mérite quelques lignes dans ce blog de voyage.
Jour de marché à San Francisco El alto.
San Francisco El Alto, un des plus grands marchés d’Amérique centrale. Aujourd’hui, c’est jeudi, c’est un petit jour de marché. C’est la fin d’après-midi et la tranquillité semble être revenue dans la petite ville. En fait, le grand jour, c’est le vendredi. Un marché traditionnel d’alimentation et de foire aux bestiaux. Pas vraiment un marché pour touristes. Pour le folklore, les vêtements Made in Guatemala, faudra repasser. Pas vraiment de jolies tuniques colorées à ramener de son voyage. Pour cela, il vaut mieux prendre un tour-opérator et se rendre à Chichicastenango. C’est une des attractions phare du pays.
À San Francisco El Alto, il y a quelques touristes égarés mais majoritairement, c’est un marché pour les gens du coin. Le vendredi, tous les indigènes des alentours descendent à San Francisco pour vendre, acheter. Une bien belle expérience en perspective. Lire la suite
Brève histoire du Guatemala
Premier pas au Guatemala. Première sensation de malaise. L’ambiance est pesante. Les visages austères. Les sourires rares. Même le ciel semble avoir renoncé et diffuse un gris sans âme. Un gris de fin du monde.
Un pays tout en blessures et en traumatismes, qui ne se laisse pas aborder au premier regard. Un pays qui donne envie de creuser son histoire de larmes et de sang. Pour mieux comprendre cette douleur figée sur les visages de ces dignes descendants des Mayas.