Unión Hidalgo. Des visages et des murs.

Un texte à lire en musique : https://www.youtube.com/watch?v=ysW20BIh120

             À Unión hidalgo, les murs ont une histoire. Et même si le tremblement de terre de septembre a défiguré le village (1), le collectif Binni Cubi y a laissé son empreinte. Sur les murs, le visage de ces femmes et de ces hommes qui sont l’âme et la force de la culture zapotèque (2). Des œuvres qui sont tellement imprégnées dans le paysage qu’il suffit de mentionner un mural à un moto-taxi pour indiquer la direction où l’on veut se rendre.
Aujourd’hui, il ne reste plus que deux muraux sur les onze que comptait le village mais il suffit de discuter avec Jose ou Alfonso Arenas pour faire revivre les noms et visages des murs disparus sous les décombres. Et au milieu des ruines, par la simple force des mots, révéler la couleur d’une mémoire qui se dessine au présent.

Ta Chente Doy.

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Séisme et coup bas

         A Laura, partie boxer dans les étoiles…

             7 Septembre 2017. La nuit est noire. Pedro n’a pas sommeil. Tranquille dans son salon, il regarde la télé. Soudain, tout s’arrête. La terre tremble. Les murs vacillent. Les objets tombent. Il est exactement 23h49. Un séisme d’une magnitude de 8.2 vient de secouer l’état de Oaxaca. L’épicentre se situe dans le Pacifique, tout près de l’Isthme de Tehuantepec.
La maison de Pedro, à Union Hidalgo, n’est plus que ruines et désolation. Comme celle de tant d’autres dans cette région. Les victimes se comptent par centaines, les dégâts sont colossaux. Mais la terre n’a pas fini de rugir, le 19 septembre (1), un autre séisme frappe la capitale d’une magnitude de 7.1. Plusieurs milliers de répliques suivent. La Nature, toujours en colère, largue ses eaux. Des pluies torrentielles s’abattent sur des sinistrés déjà bien au-delà de la désespérance.
Le pays est en état de choc et pourtant, dès les premières heures, une chaîne de solidarité incroyable se met en place. Face aux caméras, le président Enrique Peña Nieto ne sait que vendre mensonges et fausses promesses. Il est évident que les aides gouvernementales ne sont là que pour duper les gens. Mais dans l’Isthme, un groupe d’irréductibles a décidé de ne pas se laisser faire. Lire la suite

El olvido peor que la muerte

         Il y a des souvenirs qui vous poursuivent longtemps. Un cours d’espagnol. Au collège. Il y a quelques années déjà. Un livre. Une photo toute simple : une tombe éclairée par des bougies, des fleurs colorées, des musiciens et au sol, quelques verres d’alcool. Une image représentant El dia de los muertos au Mexique. Une photo qui respire la joie. Loin de nos douloureuses Toussaints.  A jamais ancrée en moi…
Et si j’allais là-bas un jour, à la rencontre de cette photo ? Et assouvir une fois pour toute cette réminiscence du passé. J’y aurais mis du temps. Plus de vingt ans. Pour retrouver cette photo ou presque… Lire la suite

Le tour des caracoles et un peu plus, en six jours!

     Six jours, cinq caracoles (1) plus une réunion publique à Palenque. Voilà le programme chargé de Marichuy, porte-parole du Conseil Indigène de Gouvernement (2) du 14 au 19 octobre 2017. Un véritable marathon pour se présenter aux communautés zapatistes, tout comme aux différentes communautés de la région. Une caravane d’une dizaine de bus transporte 156 consejales de 63 régions du pays qui parlent près de 39 langues et plus de 500 membres du CNI. Une vraie aventure en soi quand on connaît les routes du Chiapas…

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Sur la route de Guadalupe Tepeyac.

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Que retiemble en sus centros la tierra

Octobre 2016. Coup de tonnerre dans le ciel zapatiste. Le Congrès National Indigène (1),  qui fête ses vingt ans cette année-là, propose de se déclarer en assemblée permanente et de nommer un Conseil Indigène de Gouvernement (CIG). Sa porte-parole sera une femme indigène, déléguée du CNI, elle sera candidate indépendante aux élections présidentielle de 2018. Cette femme devra parler sa langue originaire et connaître sa culture. Pardon? Une femme indigène, proche des zapatistes, candidate aux présidentielles? J’ai du mal comprendre non? Si c’est une blague, ce n’est vraiment pas drôle….
Et pourtant, c’est bel et bien le nouveau défi lancé par les zapatistes et le CNI.Le sous-commandement Galeano précisera lors de la clôture de ce congrès qu’un « bon stratège est celui qui prend la bonne décision c’est-à-dire l’initiative à laquelle personne ne s’attend, au bon moment ». Effectivement, ce fut une surprise totale, inattendue…

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CIDECI – Unitierra, San Cristóbal de Las Casas – Chiapas

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Mexico, le temps d’un battement d’ailes.

Marseille. Départ au petit matin sous une lune pleine. Excitation et manque de sommeil. État étrange où la conscience n’a plus vraiment son mot à dire. Le corps, les sensations prennent le dessus. Le vide et le silence comme seul compagnon de voyage. Puis toutes ces heures sans vies dans des aéroports sans âmes. La fatigue nous mord le corps. Pour autant, le sommeil ne fait que passer presque indifférent à nos besoins.
Premier pas sur le sol mexicain. Mais l’aéroport de Mexico DF, est-ce vraiment le Mexique ? Pas encore… Pas tout à fait…
L’avion survole la ville. Mexico n’est plus qu’un ruban de lumière dans cette immense obscurité. Elle se déploie. À l’infini. Puis bute sur des îlots sombres comme une mer sans étoile. Et le silence se fait. Interminable.

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Avec le peuple Nasa, un atelier photo en plein cœur de la montagne colombienne.

                 En route vers Toribio. On prend un peu de hauteur. La route est sinueuse et laisse deviner de petites montagnes avec une rivière au fond de la vallée. Sur tous les murs des maisons, des slogans des FARC- EP, « Ejercito popular », des pochoirs avec le portrait d’un des commandants et les dates « 1964-2014, 50 años. Para la justicia social ». Nous sommes bien en territoire de la guérilla, il n’y a aucun doute.
En arrivant sur la place du village, des militaires en tenue de combat et armes au poing sont posés dans un parc à enfants. Il y a comme quelque chose qui cloche dans ce décor.
Nous serons accueillis par les animateurs du mouvement juvénile. Un centre avec une caserne comme voisinage immédiat Jamais, nous ne pourrons sortir seuls, même pas pour acheter une bouteille d’eau. Il se dit que les guérilleros se vêtissent en civils et ainsi, ils peuvent glaner des informations anodines ou pas.Nous sommes bien en Colombie dans un village sous tension entre guérilla et armée nationale. Et la population au milieu essaie de continuer à vivre. Le tejido de communication de Santander de Quilichao va nous proposer de mettre en place des ateliers de photos afin d’aider les communautés à
mieux maîtriser les outils de communication, à utiliser la photo comme instrument de dénonciation . Les jeunes du resguardo de San Francisco en seront les premiers bénéficiaires. Par la suite, nous réaliserons trois autres ateliers photos avec les animateurs des radios communautaires (Corinto, Santander, Jambaló), tous aussi intéressants les uns que les autres.  Lire la suite

Peuple Nasa. Cosmovision et cérémonie du Sek Buy. Partie III

             Le peuple Nasa entretien un lien particulier avec la terre, une cosmovision (1) qui lui est propre. Pour les Nasa, la terre est la Mère, celle qui leur offre une subsistance alimentaire, un refuge, la base de leur harmonie et de leur équilibre. Pour l’indigène Nasa, la terre n’est pas un simple composant du système productif, elle représente l’essence même de la vie et une source de sécurité. Leur spiritualité tire leur force de la loi des Origines (2) qui concerne tous les indigènes du continent sud-américain. Tout comme la libération de la terre, la célébration de rituel et les offrandes sont une façon d’honorer la Terre Mère. Les rituels sont le noyau de la culture Nasa, la clé de la vie de la communauté et force de spiritualité, c’est aussi le moyen de transcender le banal, de se connecter avec l’esprit des choses et de la Nature.
Les 20 et 21 juin, à Jambaló, se déroule le rituel du Sek Buy. Nous savons juste que c’est la fête du solstice d’été. Sek Buy , nom étrange et plein de promesses à la fois. Le mystère reste entier. Tout reste à découvrir ! Lire la suite

Peuple Nasa. La libération de la Terre Mère. Partie II

             « Le mouvement indigène du Cauca, après avoir analysé, débattu, et compris que le gouvernement ne respecterait jamais les accords passés, se déclare de nouveau en soulèvement en vue de la libération de la Terre Mère, l’un des sujets les plus sensibles et prioritaires pour le mouvement indigène ». Suite à cette déclaration, le 14 décembre 2014, le peuple Nasa décide de relancer le processus de libération de la Terre Mère.

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Peuple Nasa. Fils de la lagune et des étoiles. Partie I

            Colombie, Nord du Cauca. Ici vit et résiste le peuple Nasa (1). Un peuple qui lutte depuis des siècles pour préserver sa terre et sa culture. Un peuple qui a su s’organiser et créer des alternatives à cette violence armée, par la mise en place de réseaux de santé, d’éducation, de justice et de communication autonome. 140.000 personnes vivent sur ce territoire divisé en « resguardos » (2), chacun possédant une autorité et une administration propre, « le cabildo », qui élit un ou une gouverneur chaque année.
Aujourd’hui, ils sont au nombre de sept: Buenos Aires, Caloto, Corinto, Jambaló, Miranda, Santander, Toribío. Le symbole de l’autorité pour tout personne qui détient une charge est le bâton de commandement, fait dans un bois sacré et orné de rubans multicolores. Pour Leonidas, paysan Nasa qui lutte depuis des années, ce bâton est l’attribut le plus représentatif de son peuple : « Nos communautés sont constructrices de paix, car notre seule arme est le bâton de commandement, comme symbole de l’autorité. Nous sommes un peuple pacifique ».
Grâce à l’appui du Tejido de communication (3), nous allons parcourir une partie de leur territoire, nous apprendrons de leur force et de leur détermination à vivre et travailler sur la terre de leurs ancêtres. Avec une devise simple mais efficace « la terre appartient à ceux qui la travaillent ».

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