Danse-toi le monde. Festival de danse en terre zapatiste

             « Báilate otro mundo ». Tel est le beau titre du premier festival de danse zapatiste. Pour le Sub, ça sera « Baila una ballena ». Son obsession pour les baleines ne semble pas vouloir passer (1). Après les images fixes, c’est au tour des corps de s’exprimer. Et évidemment, cette fois encore, cela sera bien autre chose que de la danse.

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Regarde-toi le monde. Festival de ciné en terre zapatiste.

             « Une baleine dans les montagnes du sud-est du Chiapas » (1). Un beau texte du sous-commandant Galeano. Au titre énigmatique. Poétique. Comme à son habitude. Je ne comprends pas tout. Comme à mon d’habitude. Je devine juste qu’il s’agit d’un festival de ciné dans le nouveau caracol, tout juste sorti de terre, au nom tout aussi mystérieux, TULAN KA’U.
Aussitôt descendus du bus, on entre dans le texte. C’est étrange. Les images se superposent aux mots de Galeano. C’est familier et déroutant à la fois. On se prend à chercher Moby Dick. Avec une peur, presque instinctive, de tomber sur Frankenstein. On se raisonne et on se dit qu’on va voir un festival de ciné, juste un peu plus rebelle que la normale. Évidemment, cela sera beaucoup plus que cela…

 

 

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La Guadalupe de los altos

             En ce mois de décembre, la vierge de Guadalupe est en fête. À San Cristóbal de las casas, on l’a traquée plusieurs années de suite. Elle a nous a séduit presque malgré nous (1). Cette année encore, La Guadalupe est omniprésente. Son visage fleurit à chaque coin de rue, jusqu’à l’overdose. À chaque fois, elle apparaît. Puis disparaît. Dans la foule, dans la fumée des pétards, dans l’exaltation des corps, dans le brouhaha des sons, dans l’odeur des churros. Sur les t-shirts bariolés. Partout et nulle part. Trop de monde, trop d’exhibition de cette foi venue d’ailleurs. Les pèlerins portent la vierge comme un étendard. Ostensiblement. Une manière de combattre l’adversité. Le dernier rempart avant la fin du monde. Avant la misère. Avant la décrépitude. Avant la mort. On ne sait plus trop bien pourquoi on prie. Mais on prie. Très fort. Frénétiquement. Compulsivement. Il y a comme des envies de silence…
Partir. Loin de cette foire des vanités. De cette fête plus foraine que religieuse. De cette religion plus spectaculaire que spirituelle. Partir dans les montagnes des Altos, là où la Tonantzin, n’est qu’un bout de ciel, un morceau de terre, une vallée fertile, des filaments de nuages en pantalon (2). Sous la modernité de La Guadalupe, retrouver les oripeaux de la déesse Mère. Avant que la croix ne soit croix !

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Desde Oaxaca. Mare Advertencia Lirika

             Oaxaca, novembre 2014, une marche pour les 43 disparus d’Ayotzinapa. Á la fin du défilé, une jeune femme prend le micro. Elle rappe sa rage. Son flow est un cri. Une colère à fleur de peau. Un hurlement qui vient du plus profond d’elle-même. Sa voix nous scotche au mur. Nous bouleverse. Elle a pour nom Mare Advertencia Lirika. Après un tel choc, nous n’avons qu’une envie la rencontrer. Connaître cette jeune femme qui utilise le rap comme une arme pour dénoncer les violences faites aux femmes, qui n’hésite pas à braquer les projecteurs sur le racisme dont sont victime les minorités de ce pays. Une musique engagée qui sert aussi à valoriser les langues, la culture, les solidarités des peuples originaires. Mare Advertencia Lirika, à vous l’honneur.

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Desde Oaxaca. El Taller Artistico Comunitario

             Á Oaxaca, les murs racontent des histoires. Sur un mur bariolé, Zapata semble vouloir refaire sa révolution. La moustache vibrante de ses colères homériques. Plus loin, une gamine regarde des papillons s’envoler vers la mort qui plane au-dessus d’elle. Même pas peur ! semble-t-elle dire en disparaissant au coin de la rue. Posée sur une façade, une femme-fleur palpite au cœur d’un épi de maïs. Ses désirs sur le point d’éclore en mille morceaux.
Il s’agit de gravures de taille monumentale qui essaiment sur les murs de la ville. Un art de rue qui se veut à la fois esthétique et politique. Porteur de la tradition de l’art graphique dont peut s’enorgueillir México depuis plusieurs générations. Ici, les ateliers de gravures sont légions et pour mieux essayer de comprendre un tel engouement, nous avons rendez-vous avec Mario Guzmán, membre fondateur du Taller Artistico Comunitario (TAC).

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Sur la route 131, Puerto Escondido-Oaxaca.

             Route 131, une route entre océan et montagne. Point de rencontre entre Puerto Escondido et Oaxaca. Se laisser emporter par la musique. Et faire de ce simple trajet en bus, un voyage en soi. Un voyage pour soi. Aussi essentiel que l’air qu’on respire. Aussi indispensable que les rêves qu’on s’invente. Et finalement, prendre la route comme on prendrait la poudre d’escampette. Para siempre !

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Radio Ñomndaa, la Palabra del Agua ( En español )

Traducción: Susana

             Xochistlahuaca, un pueblecito en los cerros de la Costa Chica. Nos alejamos del calor infernal de Cuaji buscando un poco de frescura. Para conocer una radio comunitaria, Radio Ñomndaa cuyo nombre, en lengua originaria, significa La Palabra del Agua. Orgullosamente ubicada en el cerro de los flores, se dice la voz de los pueblos originarios y más particularmente de los indígenas amuzgos. Además, por acá, nadie dice Xochistlahuaca sino Suljaa’ en lengua amuzgo. Radio Ñomndaa, una radio digna y rebelde. Incontestablemente.

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Radio Ñomndaa. La Palabra del Agua

             Xochistlahuaca, petit village sur les hauteurs de la Costa Chica. On s’éloigne de la fournaise de Cuaji pour retrouver un peu de fraîcheur. À la rencontre d’une radio communautaire, Radio Ñomndaa qui signifie La Palabra del Agua en langue originelle. Fièrement posée sur el cerro de las flores, elle se veut la voix du peuple Nnanncue Ñomndaa, officiellement reconnu comme peuple Amuzgo. D’ailleurs, ici, personne ne dit Xochistlahuaca mais Suljaa‘. Radio Ñomndaa, une radio digne et rebelle. Incontestablement.

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México negro. La danza de los diablos 3/3

             Au Mexique, les populations noires ont pendant très longtemps représenté une minorité silencieuse. Elles n’avaient pas leur mot à dire. Alors, elles se sont mises à danser. Une danse tribale,  avec des masques d’inspiration africaine, qui se revendique sous le nom de la danza de los diablos. Elle se déroule lors de la fête des morts le 1er et 2 novembre sur la Costa chica du Guerrero. L’épicentre se situe à Cuajinicuilapa appelée aussi la Perla Negra del Pacifico.
Aller à la rencontre de ces danseurs diaboliques, c’est participer à une fête traditionnelle qui ne se veut pas seulement le reflet des forces évocatrices du passé, mais aussi le symbole d’un Mexique moderne en train de se ré-inventer. C’est affirmer une afro-mexicanité qui n’a plus peur de son ombre. C’est peut-être là, à Cuaji, que les esclaves ont commencé à se libérer de leurs chaînes. En dansant. Tout simplement.

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