Colombie, enfin une loi sur les féminicides!

              En ce mois de juin 2015, alors que l’Argentine manifeste massivement contre trois meurtres de femmes successifs (1), le Parlement de Colombie vient d’approuver la loi Rosa Elvira Cely qui condamne jusqu’à cinquante ans de prison tout meutres commis pour des raisons de genre. Cette qualification entraîne des circonstances aggravantes, Une loi nécessaire mais qui n’empêcheront pas les femmes de ce continent ensanglanté de continuer à crier :« Ni una mas !» (2).

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Mompox ou la place qui n’existait pas.

             Il y a des films qui vous lancent à la recherche de villages du bout du monde. « Chronique d’une mort annoncée » en fait partie. Une scène mythique, un homme insouciant qui court à la mort, une place de terre battue, une église, quelques maisons blanches, deux frères à la vengeance implacable.
Ce village existe. Il a pour nom, Santa Cruz de Mompox ou Mompox pour les intimes. C’est ce village-là que je rechercherai dans tous mes voyages. Souvent, j’ai cru le trouver. Comme a Cachi, en Argentine ou sur une petite île grecque. Jusque-là, j’avais juste réussi à frôler le rêve le temps d’une escale. Mais quelques années plus tard, en partant sur les traces de Gabo, j’allais découvrir les deux villages de ma mythologie personnelle. Finalement, ni Macondo n’existe, ni le village du film de Francisco Rossi. Tout n’est qu’effets de littérature ou de cinéma. Mais lorsque le rêve devient réalité, les mots deviennent superflus. Il ne reste plus qu’à s’asseoir sur un banc et vivre ce fugace bonheur avant qu’il ne se sauve…

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Macondo ou la ville qui n’existait pas.

          Il y a des livres qui vous accompagnent toute une vie. Des livres qui vous donnent le goût du voyage. « Cent ans de solitude » de Gabriel García Márquez  est un de ceux-là. Et aussitôt, ce livre refermé, une obsession vous prend à bras-le-corps et ne vous lâche plus : partir à la recherche de Macondo. Vous savez bien que Macondo n’existe pas mais la ville qui l’a inspiré, oui : c’est Aracataca, en Colombie. Une petite ville qui aurait pu rester tranquillement dans l’anonymat mais qui est, aujourd’hui, connue par des millions de personnes. Un prestige tel que le maire a voulu rebaptiser Aracataca, « Macondo » , mais heureusement, les habitants s’y opposèrent farouchement. D’après l’auteur lui-même : « Macondo n’est pas un lieu mais plutôt un état d’esprit qui permet à chacun de le voir où il veut, et comme il veut ». Parce que Macondo n’est nulle part. Parce que Macondo est partout.

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Colombie. Les négociations de paix vues depuis San Josecito.

             Communauté de Paix de San José d’Apartado. C’est la troisième fois que nous venons dans ce petit coin de Colombie. La première fois, nous étions un peu « intimidés » face à ces paysans déterminés à vivre en paix, au milieu du conflit armé entre la guérilla des FARC, l’armée nationale et les groupes paramilitaires. La seconde fois, nous avons partagé leurs espoirs, leurs craintes, leurs douleurs et nous avons appris à mieux les connaître (1). Là, cette fois, c’est un peu comme si nous revenions voir les membres de notre famille. Juste prendre des nouvelles, partager encore une fois leur quotidien et s’informer de la situation politique de la communauté. L’actualité, c’est bien évidemment les accords de paix qui se déroulent à la Havane entre les FARC et le gouvernement colombien. La paix vue depuis Cuba a-t-elle quelque chose à voir avec la réalité des Colombiens ? Qu’est-ce que cela change sur le terrain ? Jésus-Emilio, une des âmes de la CDP, a une réponse bien tranchée. Et sans mâcher ses mots, il nous donnera le point de vue sensible de sa communauté.

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Panamá. Sur les traces d’Abya Yala.

             Panamá City. Fin de la descente de l’Amérique centrale. Nous avons fait l’impasse sur le Nicaragua et miser sur Panamá . Parfois, on gagne. Parfois, on perd…
Nous allons nous fourvoyer dans des rues sans âme, où les tours de verres se perdent au-delà du ciel, où les banques trônent leur cynisme sur tous les trottoirs, où tout s’achètent et tout se vend en dollars. Et peut-être que le seul point d’authenticité, ce sont toutes ces femmes Guna qui marchent dans la ville, visibles de loin, arborant des bracelets multicolores sur toute la longueur de leurs bras et de leurs jambes, et qui selon leurs croyances, protègent des mauvais esprits.
Nous sommes attirés par ces communautés Guna, par cette appellation d’Abya Yala qui a donné une partie de son nom à ce blog. Mais nous sommes seulement de passage, en attente de la Colombie, nous aurons juste le temps de discuter avec Jésus, un Guna exilé à la ville, afin de mieux comprendre ce terme mystérieux qui nous a poussé sur cette terre, un tant soit peu inhospitalière.

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Rigoberta Menchú. Sans honte et sans mémoire.

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               Souvent le pouvoir tourne la tête, le vertige des sommets facilite les faux pas. Rigoberta Menchú, prix Nobel de la paix en 1992, vient d’accomplir l’impensable. Sans remord et sans honte.

              Au Mexique, les parents des quarante-trois disparus d’Ayotzinapa multiplient les actions pour ne pas qu’on les oublie. Dans le Guerrero, ils sont prêt à tout pour empêcher les prochaines élections du 7 juin afin d’éviter que ce système, corrompu jusqu’à la moelle, ne se reproduiseà l’identique. Jamais, ces parents éplorés n’auraient pu imaginer qu’une indigène, victime des horreurs de la guerre puisse se retourner contre eux. Contre ses semblables. Impardonnable.
Pour une somme de dix millions de dollars, Rigoberta Menchú a acceptée d’être observatrice électorale. Pour cela, le 26 mai 2015, elle a participé à une conférence de presse de l’Institut National pour les Elections (INE). Une vidéo circule où on la voit, entourée de petits fonctionnaires, en train de promouvoir cette farce électorale. Lorenzo Córdova, un des conseiller de l’INE, a présenté le prix Nobel de la Paix, comme « une femme reconnue au niveau international par sa lutte incessante pour la défense des droits des peuples indigènes, ainsi que par ses convictions sur la paix ». Mais de qui se moque-t-on ?
Rigoberta Menchú vend sa dignité, son âme au diable, à cet état mexicain aux mains pleines de sang, tout autant que celui du Guatemala qu’elle combattait hier encore, avec forces et convictions. Mais sûrement que Rigoberta à la mémoire courte…

             Mais son cynisme va encore plus loin, lors d’une « Conférence Magistrale pour la Démocratie et la Culture de paix », réalisée à Acapulco, elle osera demander une minute de silence pour tous les disparus. Une jeune femme de l’assistance interrompit ce mielleux discours en déclarant : « Nous ne pouvons pas continuer à demander une minute de silence par tous les disparus parce que demander une minute de silence pour chaque disparue et pour chaque personne assassinée dans notre pays, cela signifie que nous allons devoir nous taire jusqu’à la fin de nos jours ». Les personnes à la tribune n’ont pas répondu. Leur silence étant plus éloquent que n’importe quelle répartie bien cinglante.

             Face à cette mascarade, les masques tombent. Plus personne n’est dupe et désormais, Rigoberta Menchu fera partie de la longue liste des politiques qui ont perdus leurs idéaux en route. Leur seule obsession, le pouvoir. Mais dans le Guerrero, ils ont une longue tradition de lutte, ils n’ont plus peur des politiciens véreux. Ils iront jusqu’au bout avec comme seul slogan : « Vivos se los llevaron. Vivos los queremos ! ». Ils n’ont plus rien à perdre. Ils ont déjà tout perdu sauf leur dignité et leur soif de justice. Aussi grande que leur douleur.

Santander de Quilichao, Colombie, 30 Mai 2015.

Pour plus de détails, un article très bien fait de Pueblos en Caminos, en espagnol :
http://www.pueblosencamino.org/index.php/joomla-stuff-mainmenu-26/search-mainmenu-5/1351-rigoberta-menchu-la-sin-vergueenza

Garifunas du Honduras. Mon soleil n’est pas à vendre! Partie II

              Triunfo de la Cruz. Ici, nous sommes en territoire Garifuna. Aujourd’hui, 12 avril 2015, c’est l’anniversaire de leur arrivée au Honduras. C’était en 1797, il y a exactement deux cent huit ans. Toutes les communautés du coin se sont rejointes, ici, à Triunfo pour honorer leurs ancêtres. Pour rendre un hommage à la culture, la danse, la musique des Garifunas.
Un peuple en fête mais qui n’oublie pas l’essentiel, la résistance contre tous ces promoteurs immobiliers, la salive au coin des lèvres, les armes dans le dos, face à ce petit coin de paradis. Et comme leurs frères de la Buga, au Guatemala, les Garifunas de Triunfo de la Cruz sont prêts à se battre, tambours en avant, avec un seul mot d’ordre « : « Notre terre n’est pas à vendre ! ». (1)

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Honduras. Alto a los feminicidios!

             Honduras, un des pays d’Amérique centrale où le taux de féminicides est le plus élevé. Certains chiffres déclareraient même qu’il aurait ravi le titre au Mexique, c’est dire !
En 2013, le taux d’homicides de femmes est de 14.6 pour 100 000 habitants. Selon les Nations Unies; celui-ci dépasse le taux total d’homicides de 152 pays comme la Palestine (4.1), la Syrie (2.3) ou l’Irak (2.0). De 2005 à 2013, ce taux aurait augmenté de 260% ! Un autre chiffre qui se passe de commentaire : durant l’année 2013, une femme fut assassinée toutes les quatorze heures (1).
Ces statistiques, froides et glaciales, permettent à peine de rendre compte de l’effroyable situation des honduriennes qui vivent en apparence dans un contexte de paix mais qui en réalité sont au cœur d’une guerre qui ne dit pas son nom. Et les principales victimes sont des femmes jeunes (2), pauvres et vivant en ville pour la plupart
Pour l’association  « Foro de mujeres por la vida » dont Karen, avocate, fait partie intégrante, il y a tout un processus, une éducation machiste, une culture des armes, le manque de volonté des pouvoirs en place qui pourraient expliquer cette ignoble réalité.


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Honduras. La voix des femmes contre la violence.

             Avec Internet, on trouve tout ce que l’on veut et parfois même ce que l’on ne veut pas. Nous devons nous rendre à San Pedro Sula, deuxième ville du Honduras. Nous ne connaissons rien sur cette ville. Nous avons un contact, Karen, rien de plus. Alors pour en connaître un peu plus, direction le web et là, on tombe sur un titre éloquent : « Dans l’enfer de San Pedro Sula, la ville la plus violente au monde » (1). Dans cet article, les chiffres, pour une zone hors conflits, sont édifiants, comme celui du taux d’assassinats proche de 85 pour 100 000 personnes en 2013 (en comparaison, il est de 56 au Venezuela et de 4,78 aux États-Unis). En moyenne, vingt morts par jour. Et si on changeait de destination ? Comme une envie soudaine de visiter les jolies plages du Costa-Rica…
Mais nous savons bien, venant de Marseille, que les mauvaises réputations ne sont pas toujours aussi mauvaises que l’on le dit. Avec cette idée en tête, nous sommes allés rencontrer les militantes du « Foro de mujeres por la vida » (2), association féministe qui travaille essentiellement sur la question du féminicide mais aussi sur les disparitions forcées de femmes, sur la dure réalité des migrantes, sur le droit au travail dans les maquiladoras, etc…

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Des femmes qui luttent, manifestent, dénoncent sans relâche les violations des droits humains. Et leur courage ne peut que forcer notre admiration. Et nous donner envie de croire, avec elles, à un Honduras plus juste.

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Puerto Barrios, Guatemala. Bienvenue chez la United Fruit Company.

             United Fruit Compagny. Les Guatémaltèques la surnommèrent « La Frutera ». Un nom qui sonnerait presque comme une caresse mais qui cache en fait, la sordide réalité de l’impérialisme américain en Amérique centrale.
Le Guatemala, un pays sous influence et dont les traces plus visibles se retrouvent à Puertos Barrios, un port créé spécialement par la compagnie.  A ses heures glorieuses, il fut un des principaux ports de l’Atlantique. En se baladant dans ses ruelles de poussières, aux carrefours bruyants, on a bien dû mal à imaginer son prestigieux passé. Mais, il suffit de flâner le nez en l’air et l’œil aux aguets pour retrouver les vestiges d’une ville en mouvements.

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