Peuple Nasa. Fils de la lagune et des étoiles. Partie I

            Colombie, Nord du Cauca. Ici vit et résiste le peuple Nasa (1). Un peuple qui lutte depuis des siècles pour préserver sa terre et sa culture. Un peuple qui a su s’organiser et créer des alternatives à cette violence armée, par la mise en place de réseaux de santé, d’éducation, de justice et de communication autonome. 140.000 personnes vivent sur ce territoire divisé en « resguardos » (2), chacun possédant une autorité et une administration propre, « le cabildo », qui élit un ou une gouverneur chaque année.
Aujourd’hui, ils sont au nombre de sept: Buenos Aires, Caloto, Corinto, Jambaló, Miranda, Santander, Toribío. Le symbole de l’autorité pour tout personne qui détient une charge est le bâton de commandement, fait dans un bois sacré et orné de rubans multicolores. Pour Leonidas, paysan Nasa qui lutte depuis des années, ce bâton est l’attribut le plus représentatif de son peuple : « Nos communautés sont constructrices de paix, car notre seule arme est le bâton de commandement, comme symbole de l’autorité. Nous sommes un peuple pacifique ».
Grâce à l’appui du Tejido de communication (3), nous allons parcourir une partie de leur territoire, nous apprendrons de leur force et de leur détermination à vivre et travailler sur la terre de leurs ancêtres. Avec une devise simple mais efficace « la terre appartient à ceux qui la travaillent ».

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Colombie. Les négociations de paix vues depuis San Josecito.

             Communauté de Paix de San José d’Apartado. C’est la troisième fois que nous venons dans ce petit coin de Colombie. La première fois, nous étions un peu « intimidés » face à ces paysans déterminés à vivre en paix, au milieu du conflit armé entre la guérilla des FARC, l’armée nationale et les groupes paramilitaires. La seconde fois, nous avons partagé leurs espoirs, leurs craintes, leurs douleurs et nous avons appris à mieux les connaître (1). Là, cette fois, c’est un peu comme si nous revenions voir les membres de notre famille. Juste prendre des nouvelles, partager encore une fois leur quotidien et s’informer de la situation politique de la communauté. L’actualité, c’est bien évidemment les accords de paix qui se déroulent à la Havane entre les FARC et le gouvernement colombien. La paix vue depuis Cuba a-t-elle quelque chose à voir avec la réalité des Colombiens ? Qu’est-ce que cela change sur le terrain ? Jésus-Emilio, une des âmes de la CDP, a une réponse bien tranchée. Et sans mâcher ses mots, il nous donnera le point de vue sensible de sa communauté.

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Panamá. Sur les traces d’Abya Yala.

             Panamá City. Fin de la descente de l’Amérique centrale. Nous avons fait l’impasse sur le Nicaragua et miser sur Panamá . Parfois, on gagne. Parfois, on perd…
Nous allons nous fourvoyer dans des rues sans âme, où les tours de verres se perdent au-delà du ciel, où les banques trônent leur cynisme sur tous les trottoirs, où tout s’achètent et tout se vend en dollars. Et peut-être que le seul point d’authenticité, ce sont toutes ces femmes Guna qui marchent dans la ville, visibles de loin, arborant des bracelets multicolores sur toute la longueur de leurs bras et de leurs jambes, et qui selon leurs croyances, protègent des mauvais esprits.
Nous sommes attirés par ces communautés Guna, par cette appellation d’Abya Yala qui a donné une partie de son nom à ce blog. Mais nous sommes seulement de passage, en attente de la Colombie, nous aurons juste le temps de discuter avec Jésus, un Guna exilé à la ville, afin de mieux comprendre ce terme mystérieux qui nous a poussé sur cette terre, un tant soit peu inhospitalière.

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Garifunas du Honduras. Mon soleil n’est pas à vendre! Partie II

              Triunfo de la Cruz. Ici, nous sommes en territoire Garifuna. Aujourd’hui, 12 avril 2015, c’est l’anniversaire de leur arrivée au Honduras. C’était en 1797, il y a exactement deux cent huit ans. Toutes les communautés du coin se sont rejointes, ici, à Triunfo pour honorer leurs ancêtres. Pour rendre un hommage à la culture, la danse, la musique des Garifunas.
Un peuple en fête mais qui n’oublie pas l’essentiel, la résistance contre tous ces promoteurs immobiliers, la salive au coin des lèvres, les armes dans le dos, face à ce petit coin de paradis. Et comme leurs frères de la Buga, au Guatemala, les Garifunas de Triunfo de la Cruz sont prêts à se battre, tambours en avant, avec un seul mot d’ordre « : « Notre terre n’est pas à vendre ! ». (1)

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Honduras. La voix des femmes contre la violence.

             Avec Internet, on trouve tout ce que l’on veut et parfois même ce que l’on ne veut pas. Nous devons nous rendre à San Pedro Sula, deuxième ville du Honduras. Nous ne connaissons rien sur cette ville. Nous avons un contact, Karen, rien de plus. Alors pour en connaître un peu plus, direction le web et là, on tombe sur un titre éloquent : « Dans l’enfer de San Pedro Sula, la ville la plus violente au monde » (1). Dans cet article, les chiffres, pour une zone hors conflits, sont édifiants, comme celui du taux d’assassinats proche de 85 pour 100 000 personnes en 2013 (en comparaison, il est de 56 au Venezuela et de 4,78 aux États-Unis). En moyenne, vingt morts par jour. Et si on changeait de destination ? Comme une envie soudaine de visiter les jolies plages du Costa-Rica…
Mais nous savons bien, venant de Marseille, que les mauvaises réputations ne sont pas toujours aussi mauvaises que l’on le dit. Avec cette idée en tête, nous sommes allés rencontrer les militantes du « Foro de mujeres por la vida » (2), association féministe qui travaille essentiellement sur la question du féminicide mais aussi sur les disparitions forcées de femmes, sur la dure réalité des migrantes, sur le droit au travail dans les maquiladoras, etc…

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Des femmes qui luttent, manifestent, dénoncent sans relâche les violations des droits humains. Et leur courage ne peut que forcer notre admiration. Et nous donner envie de croire, avec elles, à un Honduras plus juste.

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Puerto Barrios, Guatemala. Bienvenue chez la United Fruit Company.

             United Fruit Compagny. Les Guatémaltèques la surnommèrent « La Frutera ». Un nom qui sonnerait presque comme une caresse mais qui cache en fait, la sordide réalité de l’impérialisme américain en Amérique centrale.
Le Guatemala, un pays sous influence et dont les traces plus visibles se retrouvent à Puertos Barrios, un port créé spécialement par la compagnie.  A ses heures glorieuses, il fut un des principaux ports de l’Atlantique. En se baladant dans ses ruelles de poussières, aux carrefours bruyants, on a bien dû mal à imaginer son prestigieux passé. Mais, il suffit de flâner le nez en l’air et l’œil aux aguets pour retrouver les vestiges d’une ville en mouvements.

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Les Garifunas. Culture et peuple en résistance. Le Guatemala, partie I.

             Souvent, à tort, on pense que le Guatemala est peuplé seulement de descendants des Mayas mais lorsqu’on s’approche de la côte caraïbe, on découvre la réalité d’un peuple pluriel dont les Garifunas sont une composante singulière.
Nous avons un contact, Juan Carlos Sanchez. Juste un nom. Pas de numéro de téléphone, il suffira de demander après lui et on nous dira où il est. Apparemment, il est connu comme le loup blanc. Près du port, dans le patio d’un hôtel, une petit affiche « Jours de découverte de la culture et de la gastronomie garifuna ». Intrigués, nous nous approchons. Un grand gaillard nous accueille, un sourire avenant, un regard pétillant, une poignée de main franche et cordiale. Il nous invite à goûter à la cuisine d’ici. Il nous parle de la culture garifuna. Sa vie, sa passion. Son nom, Juan Carlos Sanchez. Voilà notre homme, pas eu besoin de le chercher bien loin !
Le lendemain, on se retrouve pour un petit moment d’échange informel. Il nous raconte sa terre, l’histoire de sa culture séculaire et nous murmure quelques mots en langue garifuna. Il est intarissable et sa voix mélodieuse nous rappelle qu’il est aussi un musicien passionné. Un passeur de traditions par les chants, les tambours, la danse, la gastronomie, les cérémonies. Il ne reste plus qu’à l’écouter remonter l’histoire de son peuple et se retrouver à bord de l’embarcation originelle. Le voyage commence.

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Semaine sainte au Guatemala. Jésus super star.

             Semaine Sainte au Guatemala. La fête de toutes les fêtes. Espérée par tous et pas seulement parce qu’elle offre une semaine de vacances. Non, c’est surtout une semaine pour honorer le Christ. En réalité, les points forts se situent sur deux jours, le jeudi et le vendredi saint. Deux jours de ferveur. Deux jours d’abandon de soi. La passion du Christ dans sa vérité la plus criante.
Pour les néophytes comme nous, il faut quand même retrouver un peu le sens de la semaine pascale. Face à ces milliers de catholiques quasi mystiques, on se rend compte qu’on n’aurait pas dû sécher les cours du catéchisme et mieux écouter Monsieur le curé.
Alors c’est quoi la passion du Christ ? C’est simple en fait, c’est l’ensemble des souffrances et supplices qui ont précédé et accompagné la mort de Jésus Et la semaine sainte, c’est la commémoration de la vie, mort et résurrection du Christ. Facile non?
Au Guatemala, la semaine sainte commence le dimanche des Rameaux, symbolisant l’entrée du prophète à Jérusalem. Et pendant, une semaine, le pays revivra le chemin de croix de Jésus. Une expression religieuse des plus impressionnantes. Entre mysticisme et masochisme pour certains. S’infliger les mêmes souffrances que le Christ déchu. Vivre dans son corps, la douleur et la souffrance, le temps d’une procession. Puis rentrer chez soi. Les épaules rompues, le dos fourbu et l’âme pleine.

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Los « chickens bus ». Rapidos y furiosos.

             Les chickens bus comme son nom l’indique, cela ressemble plus un poulailler roulant qu’à un bus de transport public. Pourtant, au Guatemala, ils sont incontournables. Il s’agit d’anciens bus scolaires américains, rapatriés ici pour une seconde jeunesse. Ils sont repeints de toutes les couleurs, leurs chromes sont rutilants. Ils donneraient presque l’illusion qu’ils sont en bon état. Mais tout cela ne dure que le temps du démarrage. Et alors là, l’aventure commence…

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Ayotzinapa. Six mois de combat et de douleur.

             Octobre 2014, premier pas au Mexique sous le signe d’Ayotzinapa. Quarante-trois étudiants disparus. Trois vies écourtées, saccagées par la police municipale d’Iguala, épaulée par les narco-trafiquants du Guerrero. Une tragédie humaine à l’échelle de tout un pays.
Face à l’intolérable, les parents, l’espoir chevillé au corps, recherchent leurs enfants dans tous les coins du Guerre, jusque dans les garnisons militaires. Le pays, en larmes, réclame Justice. Le pays, en colère, laisse éclater sa douleur et sa rage dans la rue. Le 20 novembre 2014, manifestation historique, le peuple est dans la rue. L’état est au bord de l’implosion.

26 mars 2015

Aucune nouvelle des quarante-trois étudiants d’Ayotzinapa

             Six mois plus tard, un bref rappel des inepties du gouvernement d’Enrique Peña Nieto face à l’incroyable force de conviction des parents. Comme une véritable partie d’échec où Enrique avance un pion pensant mettre échec et mat l’opposition mais où les parents redoublent leur coup sans faillir. La partie est loin d’être terminée. La lucha sigue ! Sigue !!

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