Les Garifunas. Culture et peuple en résistance. Le Guatemala, partie I.

             Souvent, à tort, on pense que le Guatemala est peuplé seulement de descendants des Mayas mais lorsqu’on s’approche de la côte caraïbe, on découvre la réalité d’un peuple pluriel dont les Garifunas sont une composante singulière.
Nous avons un contact, Juan Carlos Sanchez. Juste un nom. Pas de numéro de téléphone, il suffira de demander après lui et on nous dira où il est. Apparemment, il est connu comme le loup blanc. Près du port, dans le patio d’un hôtel, une petit affiche « Jours de découverte de la culture et de la gastronomie garifuna ». Intrigués, nous nous approchons. Un grand gaillard nous accueille, un sourire avenant, un regard pétillant, une poignée de main franche et cordiale. Il nous invite à goûter à la cuisine d’ici. Il nous parle de la culture garifuna. Sa vie, sa passion. Son nom, Juan Carlos Sanchez. Voilà notre homme, pas eu besoin de le chercher bien loin !
Le lendemain, on se retrouve pour un petit moment d’échange informel. Il nous raconte sa terre, l’histoire de sa culture séculaire et nous murmure quelques mots en langue garifuna. Il est intarissable et sa voix mélodieuse nous rappelle qu’il est aussi un musicien passionné. Un passeur de traditions par les chants, les tambours, la danse, la gastronomie, les cérémonies. Il ne reste plus qu’à l’écouter remonter l’histoire de son peuple et se retrouver à bord de l’embarcation originelle. Le voyage commence.

Lire la suite

Semaine sainte au Guatemala. Jésus super star.

             Semaine Sainte au Guatemala. La fête de toutes les fêtes. Espérée par tous et pas seulement parce qu’elle offre une semaine de vacances. Non, c’est surtout une semaine pour honorer le Christ. En réalité, les points forts se situent sur deux jours, le jeudi et le vendredi saint. Deux jours de ferveur. Deux jours d’abandon de soi. La passion du Christ dans sa vérité la plus criante.
Pour les néophytes comme nous, il faut quand même retrouver un peu le sens de la semaine pascale. Face à ces milliers de catholiques quasi mystiques, on se rend compte qu’on n’aurait pas dû sécher les cours du catéchisme et mieux écouter Monsieur le curé.
Alors c’est quoi la passion du Christ ? C’est simple en fait, c’est l’ensemble des souffrances et supplices qui ont précédé et accompagné la mort de Jésus Et la semaine sainte, c’est la commémoration de la vie, mort et résurrection du Christ. Facile non?
Au Guatemala, la semaine sainte commence le dimanche des Rameaux, symbolisant l’entrée du prophète à Jérusalem. Et pendant, une semaine, le pays revivra le chemin de croix de Jésus. Une expression religieuse des plus impressionnantes. Entre mysticisme et masochisme pour certains. S’infliger les mêmes souffrances que le Christ déchu. Vivre dans son corps, la douleur et la souffrance, le temps d’une procession. Puis rentrer chez soi. Les épaules rompues, le dos fourbu et l’âme pleine.

Lire la suite

Rigoberta Menchú. Survivante emblématique de la guerre civile au Guatemala.

             Au Guatemala, l’histoire est tragique et les militants sociaux, pour la plupart, réprimés et silencieux. Mais une femme, indigène de surcroît, va redonner une voix à ce pays malmené, brisé par plus de trente ans de guerre civile. Cette femme, c’est Rigoberta Menchú. Une femme forte, fière de son pays, de ses racines indigènes. Et qui mérite quelques lignes dans ce blog de voyage.

menchu_rigoberta

Lire la suite

Los « chickens bus ». Rapidos y furiosos.

             Les chickens bus comme son nom l’indique, cela ressemble plus un poulailler roulant qu’à un bus de transport public. Pourtant, au Guatemala, ils sont incontournables. Il s’agit d’anciens bus scolaires américains, rapatriés ici pour une seconde jeunesse. Ils sont repeints de toutes les couleurs, leurs chromes sont rutilants. Ils donneraient presque l’illusion qu’ils sont en bon état. Mais tout cela ne dure que le temps du démarrage. Et alors là, l’aventure commence…

Lire la suite

Jour de marché à San Francisco El alto.

           San Francisco El Alto, un des plus grands marchés d’Amérique centrale. Aujourd’hui, c’est jeudi, c’est un petit jour de marché. C’est la fin d’après-midi et la tranquillité semble être revenue dans la petite ville. En fait, le grand jour, c’est le vendredi. Un marché traditionnel d’alimentation et de foire aux bestiaux. Pas vraiment un marché pour touristes. Pour le folklore, les vêtements Made in Guatemala, faudra repasser. Pas vraiment de jolies tuniques colorées à ramener de son voyage. Pour cela, il vaut mieux prendre un tour-opérator et se rendre à Chichicastenango. C’est une des attractions phare du pays.
À San Francisco El Alto, il y a quelques touristes égarés mais majoritairement, c’est un marché pour les gens du coin. Le vendredi, tous les indigènes des alentours descendent à San Francisco pour vendre, acheter. Une bien belle expérience en perspective. Lire la suite

Brève histoire du Guatemala

             Premier pas au Guatemala. Première sensation de malaise. L’ambiance est pesante. Les visages austères. Les sourires rares. Même le ciel semble avoir renoncé et diffuse un gris sans âme. Un gris de fin du monde.
Un pays tout en blessures et en traumatismes, qui ne se laisse pas aborder au premier regard. Un pays qui donne envie de creuser son histoire de larmes et de sang. Pour mieux comprendre cette douleur figée sur les visages de ces dignes descendants des Mayas.

Lire la suite

Ayotzinapa. Six mois de combat et de douleur.

             Octobre 2014, premier pas au Mexique sous le signe d’Ayotzinapa. Quarante-trois étudiants disparus. Trois vies écourtées, saccagées par la police municipale d’Iguala, épaulée par les narco-trafiquants du Guerrero. Une tragédie humaine à l’échelle de tout un pays.
Face à l’intolérable, les parents, l’espoir chevillé au corps, recherchent leurs enfants dans tous les coins du Guerre, jusque dans les garnisons militaires. Le pays, en larmes, réclame Justice. Le pays, en colère, laisse éclater sa douleur et sa rage dans la rue. Le 20 novembre 2014, manifestation historique, le peuple est dans la rue. L’état est au bord de l’implosion.

26 mars 2015

Aucune nouvelle des quarante-trois étudiants d’Ayotzinapa

             Six mois plus tard, un bref rappel des inepties du gouvernement d’Enrique Peña Nieto face à l’incroyable force de conviction des parents. Comme une véritable partie d’échec où Enrique avance un pion pensant mettre échec et mat l’opposition mais où les parents redoublent leur coup sans faillir. La partie est loin d’être terminée. La lucha sigue ! Sigue !!

Lire la suite

Danza de la pre-hispanidad.

           La danse aztèque n’est pas une danse pour les touristes. Ce n’est pas un folklore de plus, qu’on ramène dans ses souvenirs de voyage. Une danse comme la résurgence de la grandeur d’un peuple déchu (1). Une danse pour honorer Huitzilopochtli, dieu de la guerre et du soleil. Pour illustrer les mouvements du cosmos (2).
Cette danse représente la lutte perpétuelle entre le jour et la nuit, entre les forces du bien et du mal. Avec comme convergence de toutes les vénérations, les quatre éléments fondamentaux à toute vie humaine : l’air, le feu, le vent et l’eau.
La danse aztèque est une émotion, une sensation, une forme de communication, un riche mélange de musique, de chorégraphie, de poésie et surtout une immense expression de spiritualité.
Il n’y a pas de cours de danse aztèque, pas une méthode particulière nécessitant un âge ou un niveau adapté. Tout le monde peut danser, du plus jeune au plus vieux. Á chacun à son rythme. Selon ses forces et ses faiblesses. Avec la danse aztèque, tout est histoire d’émotion. Il suffit de la regarder, de mémoriser les pas, de ressentir le mouvement en soi, se laisser inviter par un danseur plus expérimenté puis se laisser guider par la musique. Rien de plus simple. Puis recommencer à la prochaine cérémonie. Une danse comme un apprentissage de la vie.
Hier, elle était dansée près des temples des Dieux. Aujourd’hui, elle se danse sur les zocaló, les places centrales des villes et des villages. Inchangée où presque. Lire la suite

Mauvaises nouvelles depuis San Sebastián Bachajón.

             Depuis le 9 janvier 2015, les ejidatarios adhérents à la sexta internationale de San Sebastián Bachajón, subissent une pression policière sans précédent. Des brigades internationales ont pris le relais pour assurer une relative sécurité aux compagnons en lutte (1). En février de cette même année, déterminés à rester sur leurs terres ejidales, ils y ont construit leur siège régional près de l’accès aux cascades d’Agua Azul. Un centre conçu comme un lieu de convergence des luttes et des solidarités. Un centre ouvert à tous, tout en couleur grâce aux muraux peints par les compagnons de passage. Un centre qui semblait fait pour durer. Malgré des menaces de plus en plus présentes, malgré des harcèlements quotidiens, l’espérance se maintenait envers et contre tous. Mais le mauvais gouvernement avait plus d’un tour dans son sac à embrouille. Et le pire est arrivé en cette fin mars 2015.

Bachajon2

Lire la suite

Lagunas de Chacahua. Terre de naufrage.

             Il y a des livres qui vous amènent au bout du monde. Littéralement parlant. Un simple commentaire : « Selon la légende, la douloureuse aventure de la seule communauté d’africains libres en terre mexicaine commença avec le naufrage d’un navire négrier à partir d’un point imprécis de la Costa Chica entre Acapulco et Puerto Angel, dans l’état d’Oaxaca. C’est autour de la Laguna de Chacahua que les cimarrones, terme péjoratif employé autrefois pour désigner les cochons sauvages, purent fonder une communauté de noirs libres et armés». Portés par cette légende, nous voilà partis vers les lagunes de Chacahua. Lire la suite